Le pays vient juste d’acquérir son indépendance. Son père est militaire de carrière et sa mère institutrice. Lorsqu’il est âgé de 9 ans, sa mère décède. Les années suivantes il perdra son frère de la scarlatine, et plus tardivement son père, en 1941.
Il parfait son éducation, se passionnant pour la littérature, les arts, le théâtre, envisageant de devenir comédien à Cracovie où il réside désormais. Il s’engage clandestinement dans une organisation catholique et commence la lecture, alors prohibée par l’occupation nazie, des écrits des saints. En parallèle il se produit au théâtre et écrit ses propres pièces, une manière pour lui de résister au chaos ambiant.
Pour gagner sa vie et échapper au service militaire allemand obligatoire, il se fait embaucher dans une usine, et découvre une triste réalité alors que de nombreux ouvriers vivent dans la misère ou sont envoyés dans les camps de concentration. Il participe activement à la résistance culturelle de la Pologne face à des nazis déterminés à éliminer toute autre forme d’identité que la leur.
Il entre au séminaire en 1942, et poursuit ses lectures philosophiques tout en travaillant.
En aout 1944, il échappe de peu à une rafle et se cache au palais épiscopal jusqu’à la libération de la ville par les Soviétiques en janvier 1945. Le lien qu’il a toujours entretenu avec l’église s’est encore renforcé, il oublie ses velléités artistiques pour se consacrer de plus en plus à la religion. Le Cardinal Monseigneur Sapieha l’ordonne prêtre le 1er novembre 1946, avant de l’envoyer à Rome intégrer l’université pontificale de l’Angelicum. Il soutient sa thèse en 1948 sur Saint Jean de la Croix.
Il rentre à Cracovie en 1949 pour exercer son activité pastorale et sa prochaine étude sera sur le philosophe allemand Max Scheler. Il cumulera les travaux intellectuels et les écrits, tout en occupant son poste et en prenant soin d’éveiller et de sensibiliser les plus jeunes. Sans relâche il poursuit ses réflexions et fait de son expérience personnelle pendant les pires années de la Pologne un tremplin pour canaliser les doutes des générations montantes. Il est ordonné évêque auxiliaire de Cracovie en 1958 et devient archevêque en 1964.
Lorsque le Pape Paul VI meurt en août 1978, il prend part au conclave pour nommer Jean Paul 1er, mais ce dernier décède subitement et il est alors désigné pour embrasser la fonction de pape le 16 octobre 1978. Son pontificat sera à son image, généreux, ouvert, culturel, intellectuel.
Le 13 mai 1981, il est victime d’un attentat qu’il pardonnera à son instigateur. Il soutient le syndicat Solidarnosc qui émerge dans son pays, toujours préoccupé par les problématiques sociales et les droits de l’homme.
Il voyage dans tous les pays et lance les Journées Mondiales de la Jeunesse. Il invite les responsables religieux de tout culte à s’unir pour la paix. Très influent politiquement, il se dit qu’il favorisa la chute du mur de Berlin. Il critique ouvertement les dérives du capitalisme et les inégalités planétaires. En février 2005 il tombe malade, d’une grippe qui dégénère.
Il meurt le 2 avril, à l’âge de 84 ans, après un pontificat extrêmement long et tout autant engagé. Il a définitivement marqué l’histoire avec un grand H.